Que sont les tiers-lieux et d’où viennent-ils ?
Que sont les tiers-lieux et d’où viennent-ils ?
La définition des tiers-lieux n’est pas aisée tant ils recouvrent des réalités différentes. Concrètement, un tiers-lieu est un espace physique qui propose une diversité d’activités au sein d’un même lieu afin de créer du lien social et de développer les capacités des personnes. Chaque tiers-lieu a sa spécificité, son identité, son fonctionnement, son mode de financement, sa communauté. Leur point commun est de permettre des rencontres, des échanges, des interactions sociales qui favorisent la créativité et les projets collectifs. Un tiers-lieu peut donc être un espace de coworking, un fablab, un garage solidaire, une friche culturelle, une maison de services au public…
Un concept qui est né aux Etats-Unis
Fablab, coworking … vous remarquez certainement la quantité importante de mots empruntés à la langue anglaise. Et pour cause, la notion de tiers-lieux vient des Etats-Unis. Elle a été développée par le sociologue américain Ray Oldenburg dans The Great, Good Place (1989) dans le cadre d’une étude menée sur l’évolution des structures urbaines en Amérique du Nord. Le tiers-lieux (third place) caractérise un espace mixte qui n’est ni le domicile (first-place) ni le lieu de travail (second-place). Ce concept est né afin de définir des lieux qui permettent aux individus de se rencontrer dans un contexte de déclin de la socialisation dans les banlieues américaines en raison de la segmentation des espaces entre les villes, les quartiers d’affaires (vides une fois la nuit tombée), les banlieues pavillonnaires, les zones urbaines défavorisées et les espaces ruraux.
Des lieux pour répondre aux besoins des habitants et lutter contre la segmentation spatiale
Ces problématiques de segmentation des espaces touchent de plus en plus la France. Elles sont alimentées par une urbanisation croissante et une concentration des activités dans les grandes villes alors que les espaces ruraux et les quartiers défavorisés font face à des difficultés d’accès aux services publics, aux soins médicaux, à la culture. Avec le développement des grands centres commerciaux, des hypermarchés, et plus récemment du commerce en ligne, les commerces de proximité ont également eu tendance à disparaître. Les tiers-lieux peuvent être une réponse à cette segmentation. Ils permettent en effet de réintroduire du lien social dans des territoires délaissés et d’apporter des réponses à certains besoins des habitant.e.s auxquels les services publics ne parviennent plus à répondre.
Des lieux pour développer les capacités des individus
Les tiers-lieux sont également des espaces de développement des capacités des citoyen.ne.s. Dans la tradition américaine, les tiers-lieux étaient des espaces de contre-culture. Certains tiers-lieux américains regroupaient et regroupent encore des communautés de hackers ou de makers. Si la plupart des personnes savent ce que signifie le terme hacker (personne qui parvient à pirater un système informatique ou des logiciels), le terme maker est quant à lui un peu moins connu du grand public en France. Il désigne une personne qui fabrique des choses par passion en amateur sans que cela soit forcément son métier. La culture maker (de l'anglais make, faire) se rapproche du mouvement Do it yourself (le fameux #DIY que l’on peut traduire en français par « fais-le toi-même »). C’est une culture qui favorise la création en communauté et qui est plutôt tournée vers les technologies. Il n'est donc pas surprenant que les projets développés par les makers soient souvent liés à la robotique, l’électronique, l’impression 3D. Certains makers s’intéressent cependant à des domaines plus traditionnels comme la menuiserie, la métallurgie ou l'artisanat.
- C’est de cette histoire que sont issus les Fab Lab qui se multiplient en France. Le terme vient de la contraction de l'anglais fabrication laboratory ( « laboratoire de fabrication » ). Il s’agit de lieux ouverts au public dans lesquels des outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur sont mises à disposition pour faciliter la conception et la réalisation d'objets. Les publics qui s’y rendent peuvent être des étudiant.e.s, des artistes, des entrepreneur·euse·s, des designers, des bricoleur·euse·s.
En résumé, dans les tiers lieux, on crée, on forme, on apprend, on fait ensemble, on fabrique, on participe, on crée du lien social…
La Seine Saint-Denis et les tiers-lieux
Autonomie dans mon quartier : des tiers-lieux pour l’autonomie et l’inclusion
En juillet 2020, le département de Seine-Saint-Denis a lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt “Autonomie dans mon quartier”, dans le cadre de son schéma “Autonomie et Inclusion”. Ce schéma va permettre de soutenir 7 tiers-lieux existants ou en cours de réalisation qui proposent des services afin de favoriser l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. L’objectif d’ici 2024 est de créer un réseau de 25 tiers-lieux de ce type afin de mailler l’ensemble du territoire. Ces tiers-lieux doivent permettre de prévenir les situations de dépendance, et constituer des alternatives à la prise en charge institutionnelle des personnes âgées et des personnes en situation de handicap par la création de quartiers et de logements adaptés à leurs besoins.
Les tiers-lieux déjà soutenus par le département sont :
- Le tiers-lieu de Noisy à Noisy-le-Grand
- PAS-SI-LOIN à Pantin
- La Résidence Masarik à Sevran
- Le tiers-lieu FaSol à Rosny-sous-Bois
- La maison Montreau à Montreuil
- La maison de quartier à Aubervilliers
- La salle polyvalente Batigère AMLI à Noisy-le-Sec
Pot Kommon : un regroupement des tiers-lieux culturels de Plaine Commune
Le projet Pot Kommon regroupe quatre tiers-lieux culturels de Plaine Commune : le 6b, Mains d’œuvres, la Villa Mais D’ici et les Poussières. Il est né de la volonté de mettre en place des logiques de coopération et de mutualisation entre ces lieux afin de répondre à des problématiques partagées comme la pression foncière qui pèsent sur eux. Fin 2017 les lieux ont créé la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) La Main 9-3-0 (aujourd’hui, Foncièrement Culturelle) afin de se rassembler et de réfléchir ensemble à l’intérêt de créer une foncière responsable culturelle afin d’acheter les lieux avec les habitant.e.s et de sortir de ce contexte de pression immobilière. Cette foncière culturelle a donc conduit à une mutation du modèle économique des lieux grâce à la mise en commun des ressources propres. Ces quatre lieux pratiquent une mutualisation de leurs ressources avec des prêts de salles, de matériels et de compétences. Une partie de la programmation et des activités proposées par les lieux a également été pensée en commun notamment sur quatre axes : un cycle de conférences, des visites mensuelles de différents lieux culturelles, une résidence artistique, et des formations basées sur les savoir-faire des usager.e.s. Cette programmation s’adresse aux résident.e.s, aux collectivités, aux professionnel.le.s et aux habitant.e.s. du territoire afin que ces derniers puissent profiter pleinement des lieux et acquérir de nouvelles compétences.
Vous souhaitez aller plus loin ?
Les tiers-lieux référencés sur notre Cartographie.
Les tiers-lieux référencés sur la Plateforme insaintdenis.
Les initiatives ESS sur l'alimentation dans le territoire.
Les initiatives ESS sur le care dans le territoire.