Abdelaali El Badaoui, l'infirmier logisticien du dernier kilomètre de la santé publique.

Type d'article Actualité Générale
Date de l'article 24.11.2020
Auteur Audrey-Anne Boustany
Chapo de l'article Ancien champion d’athlétisme, Abdelaali El Badaoui, dans sa course de fond face aux inégalités de soins souhaite révolutionner l’organisation du système médical dans les banlieues. À l’aide de solutions digitales, il rend aux plus éloignés du parcours de soin la santé intelligible.
Corps de l'article C’est en 2018 qu’Abdelaali El Badaoui fonde son association Banlieues Santé pour franchir les premiers pas vers la réduction de l’écart insupportable de l'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre encore évaluée à dix ans.
Ancien champion d’athlétisme, cet infirmier souhaite réduire les inégalités en santé en promouvant l’inclusion sociale et médicale des personnes habitant des Quartiers Prioritaires de la Ville ou des zones rurales en France. En effet, étymologiquement, banlieues signifie « les lieux bannis » et c’est au cours de ses 10 ans d’exercice en tant qu’infirmier qu’Abdelaali El Badaoui s’est souvent trouvé confronté aux inégalités sociales et médicales.

Aller au plus près des publics difficiles d’accès ou en repli est le crédo de son association et c’est pour cela qu’Abdelaali El Badaoui souhaite promouvoir la santé au sens large, c’est-à-dire le bien être bio-psycho-social, malgré les freins sociaux, économiques et la barrière de la langue.
Les problèmes médicaux peuvent, parfois, être imbriqués aux difficultés sociales et c’est précisément ces champs qui s’avèrent trop souvent cloisonnés dans le parcours de santé français.

Il a fallu innover pour rendre la santé intelligible aux personnes allophones ou ne connaissant pas leurs droits, et, ainsi protéger les populations les plus démunies face à un système de soins complexe en sortant du cadre rigide des activités professionnelles en santé.

C’est à l’apparition de la première vague de contaminations liées au virus COVID-19 que les vulnérabilités et les disparités sociales se sont révélées : les difficultés supplémentaires liées au confinement n’ont pas affecté les Français de la même manière.
Les inégalités de prise en charge sanitaire en lien avec des difficultés de compréhension ou d’accès aux dispositifs de santé sont une part importante dans le retard de la prise en charge pré-hospitalière réduisant les chances de survie face au virus. C’est parce qu’en Seine-Saint-Denis, malgré les élans locaux de solidarité, la surmortalité des habitants était de +110% qu’Abdelaali El Badaoui a souhaité mettre en place des initiatives concrètes ayant un impact territorial mais aussi national.

Forte d’une agglomération de professionnels de santé issus des quartiers prioritaires de la ville ainsi que de 5000 bénévoles dans 300 quartiers, l’association Banlieues Santé mise désormais sur « l’aller vers » , les solutions digitales et l’e-santé pour réinventer une médecine de proximité inclusive.

Pour pallier au manque de politiques de santé adaptées, l’association a crée une application offrant accès à de courtes vidéos relayant les messages de santé publique liés au coronavirus traduites dans plusieurs langues et dialectes. Ces vidéos sont disponibles sur YouTube et l’application « #EnModeConfiné » est téléchargeable sur le site de l’association.

L’inventivité déployée lors du premier confinement français par les membres de Banlieues Santé a permis un travail de vulgarisation médicale dans son sens noble via les nouvelles technologies afin de dépoussiérer un système de santé inégalitaire par manque de moyens. Une fois de plus les acteurs de l’économie sociale et solidaire ont su prouver que des solutions locales et inclusives sont souvent indispensables et complémentaires à un modèle déjà établi.